Kissing in a Cabriolet 2020

Kissing in a Cabriolet - Installation vidéo - 2020 - 10 minutes. Avec Martin Depalle et Pauline de Fontgalland

Film Lauréat du Festival Premiers Films (2022). Exposé a la galerie du Crous, aux Beaux-Arts de Paris, et pour la Nuit Blanche.

« Une blonde hitchcockienne noyée dans les bras d’un jeune premier aux cheveux plaqués, un cabriolet rouge fendant la route dans la nuit, un clair obscur de plateau de tournage »
— Jeanne Burin des Roziers

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  Dans un élan amoureux, deux figures s’offrent à nous, cachés sous les ombres dorées et changeantes d’un tunnel infini. Blottis dans un reflet de rétroviseur, leurs visages
ne font plus qu’un et la dualité se transforme alors, sous nos yeux, en entité fusionnée. Présenté comme un jeu de miroir où les plans s’alternent et se répondent par un face à face, le baiser nous apparaît comme le motif même du double.

Julie Coulon, dans sa pièce Kissing in a Cabriolet, explore cet espace mince et dense duquel naît la tension : le flottement lourd de la confrontation avant qu’elle n’éclate. L’alternance incessante de l’ombre et de la lumière nous évoque ainsi une urgence,
un danger, la fuite sur une route sans fin. Le temps s’étire ad nauseam et nous immobilise le temps d’un baiser qui s’éternise. Ce temps fictif de la subjectivité se joue de nos représentations collectives et questionne ce que serait “le baiser de cinéma”. Une blonde hitchcockienne noyée dans les bras d’un jeune premier aux cheveux plaqués, un cabriolet rouge fendant la route dans la nuit, un clair obscur de plateau de tournage - dont on aperçoit le contrechamps dans le reflet du pare-brise.

Témoignant d’une approche de la fiction par le réel, Julie Coulon, pour cette installation vidéo, travaille avec Martin Depalle et Pauline de Fontgalland, couple d’artistes dont le baiser ainsi immortalisé questionne la frontière entre image et fiction. Nous ne sommes pas devant une simple mise en scène, l’artiste fait le choix de deux modèles amoureux dont le rôle serait alors leur propre personne, troublant les contours d’un simple jeu d’imitations, et de direction d’acteur. L'œuvre se révèle ainsi comme une immersion moite et douce auprès d’un couple dont on partagerait un instant volé.

L’observateur se transforme ainsi en voyeur impudique, portant son regard, malgré lui, sur une réelle intimité. La sensualité devient gênante, la langueur devient malaise, et la vidéo continue de tourner, jusqu’à temps que la mélancolie reprenne le dessus. Il y a là, à la lisière de ce « baiser de cinéma » et de la confrontation à notre propre regard inva- sif, quelque chose de l’ordre du rêve inavouable.

Kissing in a Cabriolet propose ainsi une rencontre qui se mue en affrontement et nous laisse en suspens, comme la fin d’un baiser.

Jeanne Burin des Roziers