Deux Figures 2021

  Allégories ambiguës, les deux figures du diptyque éponyme s’unissent dans les sym- boles qu’elles incarnent. Armées d’attributs équivoques, elles renferment des puis- sances contradictoires et dissonantes. L’homme à cheval est aussi cowboy à la conquête de l’Ouest que garde républicain. A ses côtés, la femme armée défendant son territoire, revendique son droit à l’attaque. Des imaginaires paradoxaux lient ainsi liberté et op- pression et les dotent d’une iconographie interchangeable.

Pour cette œuvre, l’artiste travaille avec Martin Depalle et Pauline de Fontgalland, ses ac- teurs fétiches déjà présents dans l’installation vidéo Kissing in a Cabriolet. Interrogeant la force de la dualité, souhaitant représenter le miroir qui unit une réalité à son reflet, cette œuvre vidéographique joue sur le double sens de deux figures, dont les deux faces serait celle d’une même médaille. Tout à la fois Adam et Eve et Bonnie and Clyde, leurs portraits comme une face et son ombre se confondent.

C’est cette fusion que Julie Coulon saisit dans son regard. Elle unit et désunit les lignes pa- rallèles entre le couple qui fond deux entités en une, et les symboles, comme source par- tagée par des pensées contraires. Il est question d’union, ou d’alliance, tactiques amou- reuses et militaires que l’artiste superpose et dont elle nous révèle les rouages. Comme ici, où le négatif nous est donné à voir, suffisant pour montrer tout ce que l’image aurait à nous dire, caressant l’idée que la forme explicite autant, si ce n’est mieux, que le fond, et sans doute, le trahit moins. C’est bien là la force évocatrice des symboles que d’être discursifs dès le soupçon.

Titre emprunté au tableau de Félix Deschamps Mak, on ne nommera pas les deux fi-gures, les laissant s’effacer derrière leurs symboles pour mieux les incarner dans leurs ambivalences.


Jeanne Burin des Roziers